Plantation de L'Arbre de la Liberté
Le 25 Mars à 11 heures, en présence de la population, des enfants des écoles et de leurs
instituteurs ainsi que des responsables et des élus communaux, fut solennellement planté, dans le
lotissement des Futaies, un Tilleul Argenté symbolisant l'Arbre de la Liberté.
Après la plantation, chacun pouvait signer sur le registre communal. Les enfants, admis à cette
formalité, n'étaient pas les moins assidus. Chacun pouvait ensuite lever le verre à l'amitié et au souvenir
qui nous réunissaient tous.
Texte de l'allocution prononcée pour cette cérémonie :
« En cette année du bicentenaire de la Révolution Française, il a été demandé aux 36000
communes de France de planter un arbre symbolique pour commémorer cet anniversaire qui a bouleversé
la vie de notre pays il y a 200 ans.
Cette tradition des arbres de la Liberté semble dater des fêtes de la Fédération en 1790. Cet arbre
était souvent planté dans les communes pour inaugurer l'installation des premiers Conseils Municipaux
élus qui remplaçaient les anciennes structures des Paroisses et des Conseils de Fabrique. Ces arbres
étaient à l'époque souvent des chênes et il existe encore en France des arbres de la Liberté qui ont été
plantés à cette époque.
Il y a 200 ans, la vie n'était pas tendre pour nos ancêtres du petit peuple qui avaient des salaires de
misère et devaient travailler à longueur d'année pour leurs seigneurs en faisant des tailles et des corvées.
Ils devaient payer des impôts aux fermiers généraux et surtout payer leurs loyers et leurs fermages en
argent et en nature tout au long de l'année à des propriétaires souvent très exigeants et qui demandaient
toujours plus.
Quand on voit certains baux de location de l'époque prérévolutionnaire avec toutes les obligations
des locataires vis à vis des propriétaires, on reste ahuri et indigné de voir comment était traité le petit
peuple de France.
Le travailleur n'avait rien à dire mais simplement à obéir et surtout à travailler pour les autres sans
se plaindre.
Il n'est donc pas étonnant, qu'au début, la Révolution ait trouvé dans la masse du petit peuple
asservi, des ferments favorables à l'événement des jours nouveaux plus justes qui donneraient plus de
bonheur et de Liberté au peuple.
Cette Liberté que nous symbolisons par cet arbre était bien peu pratiquée il y a 200 ans et l'on
comprend l'espoir et la joie de beaucoup de gens quand le tout nouveau pouvoir prit comme devise ces
trois mots célèbres que l'on voit sur les frontons de nos monuments publics ainsi que sur nos pièces de
monnaie : LIBERTÉ – ÉGALITÉ – FRATERNITÉ.
C'était tout un programme qu'il fallait appliquer et l'histoire nous dira plus tard que ce ne fut pas
facile. La Révolution à son début n'avait pas encore montré tout son visage.
La Liberté de chacun dit-on s'arrête où commence celle des autres. Cette frontière très imprécise a
été et est encore souvent hélas source d'innombrables conflits et révoltes.
En 1789 et les années qui suivront, de grandes actions nobles et justes ont été faites pour la cause
de la Liberté. Mais aussi des exactions, des massacres terribles et des crimes abominables ont été commis
au nom de cette même Liberté.
Pour MONTILLIERS, en dehors de la tradition républicaine du bicentenaire de la Révolution que
cet arbre symbolisera, je voudrais qu'il rappelle aussi le souvenir de nos martyrs de la Révolution, des
gens de chez nous qui sont tombés eux aussi pour la Liberté qu'on voulait leur prendre.
Ces événements douloureux de la guerre de Vendée issue de la Révolution Française, je pense que
nous les commémorerons d'ici quelques années.
Ce soulèvement populaire de nos régions a tellement marqué et divisé le pays à cette époque, que
l'on doit se souvenir de tous ceux qui sont tombés dans les champs, les chemins, les bois et les vallons de
MONTILLIERS. Blancs ou Bleus, ils reposent dans notre terre. Souvenons nous...
Pour vous, enfants de MONTILLIERS, je voudrais que cette cérémonie vous fasse prendre
conscience de la valeur de ce grand mot « Liberté » et qu'elle vous fasse réfléchir sur cette grande valeur...
Il est vrai que l'on prend conscience de cette valeur qu'est « la Liberté » que lorsqu'on en a été
privé. Les prisonniers de guerre qui en ont été privés pendant cinq ans connaissent bien toute la valeur de
ce mot.
La Liberté, ce bien précieux et inestimable, qui est une des bases de la démocratie que nous
pratiquons dans notre beau pays de France. Pour nos ancêtres, c'était il y a deux siècles, une valeur à
laquelle beaucoup aspiraient, mais une valeur qui pour eux semblait inaccessible, alors que pour nous, la
Liberté est une chose courante dont on a d'ailleurs tendance à abuser. L'abus de la Liberté n'amène-t-elle
pas l'anarchie...
Défendons donc la Liberté pour nous tous et pour chacun.
Le poète Rouger de l'Isle a superbement immortalisé la Liberté dans le chant des armées du Rhin
devenu plus tard notre hymne national La Marseillaise, par ces mots « Liberté, Liberté Chérie, Combat
avec tes Défenseurs »...
Oui, défendons la Liberté. Elle est l'un des plus sûrs garants de la démocratie et de la paix dans
notre pays et dans le monde entier.
Je souhaite longue vie à ce tilleul argenté symbolique qui rappellera aux générations futures qu'à
MONTILLIERS, le 25 mars 1989, nous avons manifesté que nous étions très attachés à cette vertu
patriotique et que nous avons eu un souvenir pour tous ceux qui sont tombés en défendant cette grande
cause qu'est la « Liberté ».
Le maire
Louis Beaumont